La lutte contre la pollution sonore est également un enjeu important en Suisse. La motion parlementaire 20.4339 « Réduire de manière efficace le bruit excessif des moteurs » pose la question des instruments qui permettraient à la Confédération suisse de soutenir les activités en la matière, en particulier le développement et l'utilisation de radars antibruit.
C’est dans ce cadre que l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), en collaboration avec le canton de Genève et les communes concernées, ont décidé de tester un radar bruit sur plusieurs sites urbains. Le choix s’est porté sur le radar sonore « Hydre » de Bruitparif qui présentait une avancée technologique et avait déjà été expérimenté en France.
Le rapport de cette expérimentation a été publié par l’OFEV.
Les tests ont été réalisés au sein du canton de Genève sur quatre sites représentatifs de différentes configurations en zone urbaines, avec des vitesses autorisées entre 30 km/h et 60 km/h :
Emplacement des 4 tronçons tests sur le canton de Genève (Source : rapport OFEV)
Les seuils de détection des évènements sonores (LAmax à 7.6 mètres) ont été fixés à :
Sur chacun des sites, le test s’est déroulé pendant environ 2 semaines. Des appareils de mesure ont été installés à proximité du prototype « Hydre » sur chacun des tronçons. Un système de comptage des véhicules (nombre, catégorie, vitesse) et deux sonomètres homologués de classe I (mesure des niveaux sonores) ont permis de contrôler et valider les détections d’événements sonores réalisées par Hydre.
Exemple de positionnement des différents appareils pour le test (Source : rapport OFEV)
Le rapport présente les résultats des tests effectués avec Hydre et affirme que : « Les tests effectués à Genève sur quatre tronçons routiers montrent que le système « Hydre » est techniquement adapté pour détecter et mesurer les niveaux de bruit excessifs (niveaux de pointe lors des passages des véhicules), ainsi que pour identifier les véhicules bruyants ».
Le rapport confirme ainsi que les données fournies par Hydre sont tout à fait exploitables et permettent un contrôle fiable des pics de bruit inutiles issus des véhicules routiers, ce qui représenterait un gain effectif en ressource et en efficacité pour les polices cantonales.
Le pourcentage de véhicules trop bruyants détectés par Hydre représente près de 1% du trafic total (ce pourcentage varie entre 0,1 et 1,5% selon les tronçons avec un seuil fixé à 82 dB(A)). Les 2-roues motorisés (motos, scooters, etc.) représentent le plus grand nombre de détections, soit en moyenne 70% de tous les événements. Viennent ensuite les véhicules légers (voitures et camionnettes) avec 17% des détections et les poids lourds et bus avec 13%. Ces résultats sont relativement similaires à ce qui avait pu être constaté lors des premières expérimentations d’Hydre en région parisienne.
L’analyse des résultats conduite par l’OFEV confirme par ailleurs l’hypothèse que les cas détectés, quel que soit le type de véhicule, correspondent à un comportement qui a engendré un pic de bruit inutile ou à une manipulation technique sur le véhicule.
Au vu des résultats, l’OFEV confirme que le seuil de 82 dB(A) (en LAfmax redressé à 7,5 m) proposé par l’Institut suisse de recherche technologique EMPA (voir rapport EMPA Nr. 5211.02149.100 « Herleitung eines Schwellenwerts für übermässig laute Fahrzeuge » du 28.02.2022) paraît adéquat pour la qualification des véhicules excessivement bruyants en ville.
Les résultats des tests réalisés dans le canton de Genève renforcent la confiance dans la pertinence de la technologie mise au point par Bruitparif, avec le soutien de la Région Île-de-France. Rappelons que le prototype Hydre a été primé en janvier 2024 lors du concours des décibels d’Or décernés par le Conseil national du bruit.
Depuis les premières expérimentations réalisées en Île-de-France et en Europe, le dispositif Hydre a été amélioré afin d’intégrer des microphones de classe 1 et de renforcer encore sa capacité de détection. Cette nouvelle version sera mise à disposition du Laboratoire National d’Essai (LNE), à compter de septembre 2024, pour effectuer les essais d’homologation en métrologie légale, qui devraient durer jusqu’en début d’année 2025.
Une fois l’homologation obtenue, une seconde phase d’expérimentation en conditions réelles d’Hydre sera conduite, à compter du printemps 2025 et, cette fois-ci, avec verbalisation, en partenariat avec quatre collectivités franciliennes : Paris, Villeneuve-le-Roi (94), Rueil-Malmaison (92) et la communauté de communes de la Haute Vallée de Chevreuse (78).
Lien de téléchargement du rapport de l’OFEV concernant les essais d’Hydre à Genève: