Pour réaliser ce chiffrage, l’étude s’est intéressée aux conséquences sanitaires comme économiques du bruit généré par les transports (trafics routier, ferroviaire et aérien) mais aussi par le voisinage (que le bruit provienne de particuliers, d’activités ou de chantiers) ou subi sur le lieu de travail ou d’études.
Les dernières études scientifiques disponibles (OMS, 2018 ; AEE, 2020 ; DEBATS, 2021) ainsi que les données des cartes stratégiques de bruit les plus récentes ont été utilisées pour estimer le nombre de personnes en France qui éprouvent une forte gêne ou des perturbations importantes du sommeil ou bien encore qui souffrent de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète, de troubles anxio-dépressifs, qui connaissent des difficultés d’apprentissage, qui sont atteints de surdité professionnelle ou encore qui ont eu un accident du travail du fait de leur exposition au bruit. Au total, ce sont plus d’un quart des Français qui seraient ainsi concernés directement chaque année par les conséquences néfastes du bruit sur leur santé, ce qui représente une perte de près de 950 000 années de vie en bonne santé et des dépenses de santé liées à la médication et à l’indemnisation des maladies et accidents professionnels. Au total, le coût des impacts sanitaires du bruit s’élève à 127,2 milliards d’euros chaque année, avec notamment par ordre décroissant de coût :
Outre les effets sur la santé, le bruit a également des conséquences économiques directes. Ainsi, la fatigue et le manque de concentration occasionnés par un environnement bruyant se répercutent en des pertes de productivité au travail qui sont estimées avoisiner 270 000 équivalents temps plein perdus chaque année, soit un manque à gagner de 15,9 milliards d’euros. Les logements situés dans des secteurs fortement concernés par les nuisances sonores subissent également une dépréciation, ce qui représente une perte de valeur immobilière estimée à 2 milliards d’euros chaque année. Enfin, il faut ajouter les dépenses transversales de surveillance, d’information, d’études et de recherche en matière de lutte contre le bruit qui s’élèvent à 2 milliards d’euros chaque année. Au total, le coût non sanitaire du bruit s’élève à 19,9 milliards d’euros chaque année.
66,5% du coût social du bruit, soit 97,8 Md€/an, est causé par le bruit des transports, principalement le bruit routier qui représente 54,8% du coût total, suivi du bruit ferroviaire (7,6%) puis du bruit aérien (4,1%).
Le coût social lié au bruit de voisinage, pour lequel il existe très peu de données chiffrées, est évalué à 26,3 Md€/an (17,9% du coût total) ; il se décompose en bruit émis par les particuliers (12,1%), bruit des chantiers (3,6%) et bruit généré dans l’environnement par les activités professionnelles (2,2%).
Le coût social du bruit en milieu du travail, estimé à 21 Md€/an (14,2% du total), se répartit entre les milieux industriel et tertiaire, scolaire et hospitalier.
Les dépenses transversales (surveillance, information, études et recherche) représentent 2 Md€/an, soit 1,4% du coût social total.
Cette étude aboutit à une augmentation très significative (+89,7 Md€/an) par rapport à la première étude publiée par l’ADEME en 2016. Trois raisons expliquent cette importante évolution de l’estimation :
L’étude illustre aussi toute la pertinence des mesures d’évitement du bruit, les bénéfices sociaux apportés étant très largement supérieurs aux coûts des investissements nécessaires.
Une part importante des coûts sociaux du bruit peut notamment être évitée en exploitant les co-bénéfices avec d’autres enjeux écologiques, comme la réduction de la pollution atmosphérique. À titre d’exemple, quatre mesures d’évitement simultané du bruit et de la pollution de l’air ont été analysées dans l’étude ; elles présentent toutes un ratio très intéressant entre les bénéfices attendus et les coûts investis : la réduction des vitesses sur voies rapides (ratio bénéfices/coûts sur dix ans de 685), la mise en place de zones à faibles émissions (ratio bénéfices/coûts sur 4 ans de 13), l’amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaires (ratio annuel bénéfices/coûts de 10) et l’application d’une charte « chantier propre » (ratio annuel bénéfices/coûts de 3).
Cette étude ouvre ainsi un vaste champ prospectif dans le domaine de l’amélioration de l’environnement sonore. Elle fournit des éléments robustes utiles aux analyses coûts bénéfices permettant de comparer le coût financier des mesures d’atténuation du bruit aux bénéfices sociaux qui pourraient en découler en termes d’amélioration du bien-être de la population et de coûts évités pour la collectivité dans son ensemble.
Dernières études relatives aux impacts du bruit sur la santé :
Rapport de 2020 de l’Agence européenne de l’environnement
Lien vers Ademe presse : https://presse.ademe.fr/2021/07/147-milliards-deuros-cest-le-cout-social-du-bruit-en-france-par-an.html
Lien vers la Librairie Ademe pour télécharger la synthèse et le rapport complet : https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/4815-cout-social-du-bruit-en-france.html