Le trafic routier est la principale cause d’exposition au bruit au sein de la région Île-de-France. Selon les dernières cartes établies par Bruitparif au sein de la zone dense francilienne (http://carto.bruitparif.fr), un million d'habitants seraient ainsi exposés au-delà de la valeur limite réglementaire pour le bruit routier (68 dBA Lden) et 8,6 millions d'habitants vivraient dans des secteurs où les niveaux excèdent les valeurs recommandées par l'Organisation mondiale de la santé (53 dBA Lden). Générant des perturbations du sommeil, de la gêne et augmentant les risques de développer des maladies cardiovasculaires, le bruit routier serait ainsi responsable d’une perte de 6 mois de vie en bonne santé en moyenne par individu au sein de la zone dense francilienne.
La lutte contre la pollution sonore en Île-de-France passe donc nécessairement par la réduction du bruit du trafic routier, celui-ci étant désormais dominé par le bruit de roulement lié à l’interaction pneu/chaussée.
Pour Thomas ANTOINE, expert en acoustique et vibrations au sein du groupe Renault, « 80% du bruit généré par un véhicule en circulation provient désormais de la composante bruit de roulement du fait des progrès réalisés par les constructeurs automobiles au cours des dernières décennies pour réduire les bruits de la chaîne de traction. Cette prédominance du bruit de roulement est en outre amenée à s’accroître au fur et à mesure de l’électrification du parc. Il est donc essentiel de s’attaquer aux causes du bruit de roulement, et en premier lieu, à l’état des chaussées. Entre une chaussée récente dotée de capacités d’absorption acoustique et une chaussée vétuste fortement dégradée, l’émission sonore d’un véhicule peut en effet varier dans un rapport de 1 à 10 (soit environ 10 dBA d’écart). »
L’action prioritaire consiste donc à rénover les chaussées les plus dégradées mais pour cela, encore faut-il savoir où elles se trouvent. C’est tout l’apport de la technologie mise au point par le groupe Renault, qui va pouvoir être déployée sur tous les principaux axes d’Île-de-France, grâce à la collaboration engagée avec Bruitparif.
Les ingénieurs du groupe RENAULT ont mis au point une technologie innovante et brevetée appelée APACHE (Auscultation du Profil Acoustique des Chaussées et de leur Efficacité énergétique). Celle-ci a été primée en 2024 par le Conseil national du bruit dans le cadre du concours des Décibels d’Or (voir fiche et vidéo).
Equipé d’un petit boîtier, le véhicule en circulation se transforme en capteur qui collecte différentes données permettant de caractériser l’état de la chaussée, notamment sa rugosité. Associée au GPS du véhicule, la technologie de RENAULT permet ainsi de produire, au fur et à mesure du roulage des véhicules, une cartographie de l’état acoustique des chaussées.
Après une première expérimentation pilote de la technologie APACHE sur le territoire de la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines menée ensemble en 2023, le groupe Renault et Bruitparif ont décidé de passer à la vitesse supérieure.
En tout, 30 véhicules Megane-E-tech de collaborateurs Renault vont être équipés du boîtier Apache au cours des six prochains mois, et sillonneront les routes de la région Île-de-France d’ici l’été 2026. Trois voitures sont déjà équipées et ont commencé à faire des premiers relevés.
Les données collectées permettront de construire le premier cadastre de l’état acoustique réel des chaussées.
Pour Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, « il est particulièrement précieux de pouvoir disposer de telles données géolocalisées des caractéristiques acoustiques des chaussées en Ile-de-France, car très peu d’informations de ce type sont disponibles pour l’instant. Ces données seront intégrées dans notre Système d’Information Géographique (SIG) et permettront de mettre à jour et d’améliorer de manière très significative la précision et la qualité des cartographies stratégiques du bruit (CSB) que nous produisons pour les 14 agglomérations franciliennes en charge de la mise en œuvre de la directive européenne 2002/49/CE. Elles permettront de déterminer les secteurs qui cumulent une chaussée dégradée, un trafic dense, un nombre important de riverains et/ou la présence d’établissements scolaires, de santé et autres ERP, et qui devraient donc être considérés par les collectivités comme des secteurs d’intervention prioritaire en matière de réfection de chaussée, à inscrire dans leur plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE). »
Outre les bénéfices que la technologie de RENAULT apporte pour améliorer la connaissance du bruit routier et des secteurs prioritaires à traiter, d’autres conséquences positives sont également attendues en termes de sécurité routière et de consommation énergétique. L’analyse des premières données collectées via APACHE indique qu’il existerait un lien entre le profil acoustique des routes et les émissions de CO2 des voitures qui les empruntent. Ainsi, les routes les plus bruyantes seraient les plus rugueuses et donc celles qui entraînent également le plus de résistance au roulement.
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