Publication des résultats de la campagne de mesure SURVOL

11/06/2019

Dans le cadre du troisième Plan Régional Santé Environnement (PRSE3) et notamment de son action 3.2 « SURVOL », une campagne de mesure du bruit lié au trafic aérien a été conduite par Bruitparif à l’été 2018 au sein des zones d’étude concernées par les survols à destination ou en provenance des trois grandes plateformes aéroportuaires franciliennes : Paris-Charles de Gaulle (Paris-CDG) et le Bourget pour la zone nord et Paris-Orly pour la zone sud. La réalisation de cette campagne a bénéficié du soutien financier de la DRIEE et de la mise à disposition de données de la part de la DGAC et d’ADP.

Une campagne de grande envergure

Cette campagne s’est articulée autour de l’exploitation des données de 116 stations de mesure du bruit (81 stations de Bruitparif - 22 permanentes et 59 temporaires - en rouge et 35 stations permanentes d’ADP en jaune, sur les cartes ci-dessous) réparties au sein de 93 communes d’Île-de-France.

Capture d’écran

Localisation des sites de mesure en zone nord (aéroports de Paris-CDG et du Bourget)

Capture d’écran

Localisation des sites de mesure en zone sud (aéroport de Paris-Orly)

Situation vis-à-vis des documents cartographiques réglementaires

L’analyse des mesures a tout d’abord permis de conforter les contours des plans réglementaires (PGS et PEB). Quelques différences ont néanmoins pu être relevées :

Les niveaux de bruit mesurés se sont par ailleurs révélés globalement cohérents avec les résultats des cartes stratégiques du bruit, réalisées par la DGAC conformément aux exigences de la directive européenne 2002/49/CE, et complétées par Bruitparif pour les niveaux de bruit inférieurs à 55 dB(A) Lden et 50 dB(A) Ln.

Des indicateurs utilisés répondant aux attentes des riverains

L’utilisation exclusive d’indicateurs énergétiques, comme l’indicateur Lden, est souvent critiquée par les riverains survolés qui mettent en avant le manque de traduction du côté répétitif de la nuisance et le manque de représentativité de ces indicateurs par rapport à la gêne subie au quotidien, en lien avec la variabilité du trafic et des configurations météorologiques.

L’utilisation complémentaire d’indicateurs acoustiques dits « événementiels » ainsi que la prise en compte dissociée des configurations de survol ont permis d’apporter un niveau supplémentaire d’informations. Cela a mis en évidence des secteurs où les préconisations de l’ACNUSA[1] et du CSHPF[2] sont dépassées, au moins dans la configuration météorologique la plus pénalisante, alors qu’ils se trouvent hors PGS. En zone nord, il s’agit des sites de mesure localisés sur les communes de Garges-lès-Gonesse (95), Sannois (95), Montlignon (95), Eaubonne (95), Saint-Mesmes (77), Marchémoret (77) et Saint-Pathus (77) et en zone sud, des sites de mesure localisés sur les communes de Palaiseau (91), Yerres (91), Limours (91) et Ozoir-la-Ferrière (77).

Des analyses spécifiques

Outre la mise à disposition d’informations très détaillées site par site sous la forme de fiches de résultats, deux analyses spécifiques ont été menées par Bruitparif de manière complémentaire.

La première a porté sur la contribution sonore des avions gros porteurs qui représentent environ 28 % du trafic total autour de Paris-CDG et 9 % autour de Paris-Orly. Sans surprise, il apparaît que ces derniers sont plus bruyants et qu’en moyenne le survol par un gros porteur équivaut, en termes d’énergie sonore reçue, à ce que produirait le survol simultané de deux moyens porteurs. Selon l’aéroport considéré, les gros porteurs génèrent ainsi des niveaux sonores LAmax supérieurs aux moyens porteurs de l’ordre de 3,7 à 4,4 dB(A) au décollage et de 2,2 à 2,4 dB(A) en phase d’atterrissage.

La seconde analyse a consisté à identifier le gain acoustique réel apporté par l’A320 Neo (plus performant sur le plan acoustique) par rapport aux A320 classiques. Il apparaît que l’utilisation de l’A320 Neo permet de diviser par deux environ l’énergie sonore reçue en configuration de décollage et de la réduire de 20 % en phase d’atterrissage par rapport aux A320 classiques. Les diminutions de bruit constatées autour de Paris-CDG s’élèvent ainsi en moyenne à 4,3 dB(A) en décollage et à 1,1 dB(A) en atterrissage. Autour de Paris-Orly, elles semblent un peu plus faibles : 3,4 dB(A) en décollage et 1 dB(A) en atterrissage.

évolution du bruit depuis 2012

Un examen des évolutions du bruit lié au trafic aérien depuis 2012 a pu être mené à partir des données des sites d’observation permanente de Bruitparif. Il en ressort qu’aucune tendance nette d’évolution générale du bruit aérien ne peut être dégagée, à l’échelle de ces dernières années. Des évolutions locales à la hausse ou à la baisse ont toutefois pu être relevées pour certaines configurations et à certaines périodes. Elles sont précisées au cas par cas, aéroport par aéroport, dans le rapport.

Perspectives de renforcement du dispositif de surveillance

Enfin, cette étude a permis de proposer de renforcer le dispositif de surveillance du bruit aérien par l’installation de cinq nouvelles stations permanentes (à Garges-lès-Gonesse (95), Eaubonne (95), Cormeilles en Parisis (95), Palaiseau (91) et dans le secteur Bures-sur-Yvette/Orsay/Les Ulis (91)) ainsi que par la réalisation de six mesures temporaires complémentaires (à Argenteuil (95), Sarcelles (95), Ézanville (95), Dugny (93), Aulnay-sous-Bois (93) et Colombes (92)). En outre, la plateforme d’information et de consultation des données http://survol.bruitparif.fr devrait se doter de nouvelles fonctionnalités.

Alors que les prévisions de croissance du trafic aérien à l’échelle internationale font état d’un doublement du trafic à l’horizon des vingt prochaines années, qu’un nouvel aérogare (Terminal 4) permettant d’accueillir 35 à 40 millions de passagers est en projet sur l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et que les aménagements récents sur l’aéroport d’Orly devraient lui permettre d’accueillir jusqu’à 40% de passagers en plus, il apparaît plus que jamais nécessaire et important de pérenniser et de faire évoluer les dispositifs d’évaluation et de suivi des nuisances sonores aéroportuaires. Il s’agit notamment de pouvoir suivre les impacts réels pour les populations des effets combinés des hausses de trafic attendues et du renforcement des dispositifs de réduction du bruit (généralisation des procédures de descente continue annoncée d’ici 2023 à Paris-CDG, mise en œuvre de procédures « moindre bruit », interdiction des avions les plus bruyants la nuit, renouvellement progressif des flottes par des aéronefs plus performants sur le plan acoustique…).

Accéder au rapport complet de l’étude :

Rapport "Résultats des mesures de bruit aérien réalisées en 2018 dans le cadre de l'action SURVOL du PRSE3" - Mai 2019

Accéder à la plateforme des résultats bruit de SURVOL :

http://survol.bruitparif.fr

  1. L’ACNUSA avait ainsi recommandé en 2005 le rattachement au Plan de Gêne Sonore des communes ou parties de communes exposées quotidiennement à plus de 100 survols dépassant 65 dB(A) en LAmax (NA65/100) ou à plus de 200 survols dépassant 62 dB(A) en LAmax (NA62/200).

  2. Le CSHPF avait quant à lui recommandé, dans son avis du 6 mai 2004 relatif à la protection de la santé des personnes exposées au bruit des avions, de respecter moins de 10 événements sonores nocturnes dépassant 70 dB(A) en LAmax (NA70,night/10).

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