Publication d'une cartographie pilote du bruit lié aux activités récréatives
18/11/2022
Lors de la réunion du Conseil de quartier Halles-Beaubourg-Montorgueil qui s’est tenue jeudi 17 novembre 2022, Bruitparif a dévoilé les résultats du diagnostic acoustique que l’association a réalisé sur le territoire pour le compte de la Mairie de Paris Centre.
Présentation des résultats de l’étude par Bruitparif lors du Conseil de quartier Halles-Beaubourg-Montorgueil du 17 novembre 2022. Crédits photo : Bruitparif.
Le quartier du secteur Halles-Beaubourg-Montorgueil et de la rue Montmartre est réputé pour sa forte attractivité récréative nocturne, du fait de la concentration importante d’établissements festifs qui s’y trouvent, le quartier comptant de l’ordre de 600 établissements sur moins d’un kilomètre carré.
Cette forte activité récréative, dans un quartier très dense en population (25 000 habitants/km2) entraîne parfois des tensions entre exploitants des établissements, noctambules et riverains, notamment à la belle saison, en raison notamment des nuisances sonores nocturnes et de leurs conséquences sur le repos et les conditions de sommeil des riverains.
Sollicitée sur ces sujets par le Conseil de quartier Halles-Beaubourg-Montorgueil, la Mairie de Paris Centre a confié à Bruitparif l’établissement d’un diagnostic acoustique fin du territoire.
Pour la première fois en France, une cartographie du bruit tenant compte des activités récréatives a ainsi pu être produite. Pour ce faire, des mesures acoustiques continues sur 6 semaines entre le 16 mai et le 2 juillet ont été réalisées en une vingtaine de sites sur le territoire ainsi que des mesures itinérantes de plus courte durée. Ces mesures ont permis de disposer de données représentatives de l’ambiance sonore du quartier pendant la saison estivale et de définir les caractéristiques acoustiques des sources liées à l’activité récréative. Ces dernières ont ensuite été utilisées comme paramètres d’entrée pour modéliser le bruit lié à l’activité récréative de chacune des 768 terrasses recensées dans le quartier. Les différents phénomènes qui interviennent dans la propagation du bruit en lien avec la topographie, la présence des bâtiments et la typologie des rues ont été pris en compte dans le modèle selon la même méthode de calcul (CNOSSOS-EU) que celle qui est utilisée à l’échelle européenne pour la production des cartes stratégiques du bruit des transports et des industries.
En utilisant le modèle développé, des cartes représentant les niveaux sonores générés par les activités récréatives au sein du quartier ont été produites pour chacun des quatre créneaux de deux heures, sur la période allant de 18 heures à 2 heures du matin, ainsi que sur la totalité de la période. Pour chaque créneau, deux configurations, correspondant à une forte affluence et à une affluence plus restreinte, ont été représentées afin de rendre compte des variabilités de bruit au cours des soirées de la semaine (les soirées allant du jeudi au samedi soir étant généralement plus fréquentées que les soirées allant du dimanche au mercredi soir). Par ailleurs, des modélisations en trois dimensions ont permis de visualiser la propagation du son vers les étages supérieurs des immeubles et de mettre en évidence l’influence urbanistique jouée par l’étroitesse de certaines rues du quartier comme facteur d’amplification du niveau sonore.
Cartographie pilote du bruit des activités récréatives au sein du quartier Halles-Beaubourg-Montorgueil et de la rue Montmartre, sur la période 18h-2h, pour la situation moyenne. Source : Rapport d’étude Bruitparif, pour le compte de la Mairie de Paris Centre.
Des cartes tenant compte à la fois du bruit récréatif et du bruit routier ont ensuite été produites à l’échelle du quartier pour les périodes jour [6h-18h], soirée [18h-22h] et nuit [22h-6h] ainsi que selon l’indicateur Lden[1]. Pour les périodes de soirée et de nuit, les secteurs où les activités récréatives constituent la source de bruit majoritaire ont pu être mis en lumière. Il s’agit principalement de rues majoritairement piétonnes ou faiblement circulées et protégées de l’influence des axes routiers principaux, et qui présentent une forte concentration d’établissements et de terrasses.
Les cartes de bruit ont par ailleurs permis de calculer les statistiques d’exposition des populations du quartier aux deux sources de bruit principales que sont les activités récréatives et le trafic routier. Ce décompte a mis en évidence qu’à l’échelle du quartier, il y a davantage de riverains concernés par le bruit des activités récréatives que de riverains concernés par le bruit routier, sur les périodes de soirée et de nuit. Ainsi, sur la saison estivale, la proportion de la population qui est exposée à des niveaux de bruit moyen la nuit qui excèdent la valeur cible nocturne de 55 dB(A) recommandée par l’OMS en 2009, passe de 21% à 52% si on tient compte, en sus des expositions au bruit routier, des expositions au bruit récréatif.
Liens vers les différents documents :
Présentation faite par Bruitparif lors du Conseil de quartier
L’indicateur Lden (Level day-evening-night) est un indicateur harmonisé au niveau européen. Il est calculé sur la base des niveaux de bruit équivalents des trois périodes de la journée (jour [6h-18h], soirée [18h-22h] et nuit [22h-6h]), auxquels sont appliqués des termes correctifs, prenant en compte un critère de sensibilité accrue en fonction de la période. Ainsi, on ajoute 5 dB(A) en soirée et 10 dB(A) la nuit. ↑