Ainsi, selon l’étude Crédoc pour Bruitparif publiée en juin 2017, plus de la moitié (52 %) des actifs occupés de l’Île-de-France jugent leur lieu de travail bruyant.
Cette part varie bien entendu selon les environnements professionnels. Les lieux de travail jugés les plus bruyants sont les chantiers (83 %), les établissements de petite enfance ou d’enseignement (80 %) et les usines et ateliers (73 %), mais le bureau en open-space est aussi incriminé (66 %). Or, l’Île-de-France est très tertiarisée : une forte part des nuisances vécues provient probablement des nouveaux modes d’organisation des bureaux.
46% des travailleurs franciliens se déclarent en outre personnellement gênés par le bruit. Il existe un différentiel certain entre le niveau de bruit ressenti et le fait de se déclaré gêné ou pas, différentiel qui est maximal chez les actifs des établissements de petite enfance ou d’enseignement, certes jugés très bruyants, mais où la gêne qui en découle est beaucoup plus mesurée ou, du moins, tolérée, car jugée inhérente à leur métier. En revanche, ceux qui travaillent sur les chantiers ressentent vivement le bruit, puisque 77 % en sont gênés – le bruit pouvant même occasionner, dans ce cas, des risques graves de sécurité, du fait du masquage des signaux d’alerte.
Ecart entre la proportion d’actifs qui jugent le milieu professionnel bruyant et la proportion d’actifs qui se disent gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail
Champ : ensemble de la population en emploi, en % |
Source : Etude CREDOC pour Bruitparif, 2016
Rappelons que l’exposition au bruit en milieu professionnel entraîne des effets néfastes sur l’audition mais aussi des difficultés de concentration, du stress, de la fatigue et de l’énervement qui se répercutent sur la qualité et la quantité du travail produit. Les pertes de productivité peuvent être évaluées à 30 minutes par jour et par travailleur en moyenne. Le Conseil national du bruit a ainsi évalué en 2016 que les conséquences du bruit en milieu professionnel représentaient, pour les entreprises, l’État et la sécurité sociale, un coût de 19,2 milliards d’euros par an au niveau de la France entière (source : étude EY pour le compte de l’Ademe et du Conseil national du bruit, 2016). La déclinaison régionale de cette étude, réalisée par Bruitparif, estimait la facture en Île-de-France à 4,3 milliards d’euros par an.
Il est donc nécessaire que les employeurs et l’encadrement accordent davantage d’importance à la maîtrise du bruit au travail, qui revêt un intérêt évident tant pour les travailleurs que pour les entreprises.
L’initiative lancée par l’association JNA, à travers la « Semaine de la santé auditive au travail » qui tiendra sa seconde édition du 23 au 28 octobre 2017, apparaît donc essentielle pour mobiliser les acteurs de l’entreprise sur cet enjeu de santé, de qualité de vie au travail et de performance au service du management.