Effets sur l'audition

Les effets du bruit sur l’audition sont généralement le fait d’expositions en milieu professionnel ou lors des loisirs, à des doses de bruit qui dépassent un niveau équivalent de 80 dB(A) sur 8 heures. Les conséquences fonctionnelles d’une exposition excessive au bruit de l’appareil auditif vont de la fatigue auditive réversible à la perte auditive définitive.

Visite guidée de l'oreille

L’oreille est constituée de trois parties : externe, moyenne et interne.

L’oreille externe débute par le pavillon qui capte l’onde sonore qui est ensuite canalisée par le conduit auditif externe jusqu’au tympan, fine membrane qui marque la fin de l’oreille externe et le début de l’oreille moyenne.

L’oreille moyenne : l’onde sonore est une vibration aérienne qui va mobiliser la membrane du tympan et les osselets (marteau, enclume, étrier). La membrane et les osselets transmettent et amplifient la vibration sonore jusqu’à l’oreille interne par phénomène mécanique.

L’oreille interne : l’oreille interne renferme l’organe de l’audition, la cochlée, qui a la forme d’un cône creux enroulé en limaçon. La vibration sonore mécanique se transforme en vibration liquidienne au niveau de la cochlée. Dans la cochlée, les vibrations liquidiennes sont transformées en influx nerveux par la mobilisation des cellules ciliées internes (phénomène de transduction). Les fibres du nerf auditif se chargent enfin de la transmission de l’information au cerveau.

Nos oreilles ne se reposent jamais. Même lorsque nous dormons, les sons sont captés et interprétés par notre cerveau.

Nos cellules ciliées sont fragiles et en nombre limité. Nous n’en possédons que 15 000 par oreille environ. Une exposition prolongée à un niveau sonore élevé ou une exposition brève à un niveau sonore très élevé peut les altérer voire entraîner leur destruction définitive. Or, elles ne se renouvellent jamais !

Nocivité du bruit pour l’audition

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Les facteurs influençant la survenue de conséquences fonctionnelles néfastes pour l’audition sont le niveau et la durée (effet cumulatif) ainsi que la fréquence du bruit et son caractère impulsionnel. C’est pourquoi les normes sont exprimées en iso-énergie ou en « dose de bruit équivalente », c’est à dire en niveau sonore continu équivalent pendant une durée donnée.

A partir d’une exposition à un niveau de 70 dB(A) pendant plusieurs heures, des signes de fatigue auditive peuvent apparaître. Les dangers pour l’audition sont avérés pour des expositions chroniques à des niveaux atteignant ou excédant 80 dB(A) sur 8 heures. En outre, un son très intense, autour de 120 dB(A) génère de la douleur et entraîne immédiatement des lésions importantes et irréversibles pour les tympans et les structures ciliaires de l’oreille interne. Des ruptures ciliaires définitives peuvent notamment se produire avec des sons de durée très brève appelés sons impulsionnels et d’intensité supérieure à 130 dB. Il est important de noter que le seuil d’apparition de la douleur est très supérieur aux niveaux d’apparition des premiers risques pour l’oreille (70-80 dB(A)), d’où l’importance de la mise en place de mesures préventives.

Dans son rapport sur les lignes directrices en matière de bruit dans l’environnement publié en 2018, l’OMS recommande de réduire la moyenne annuelle d’exposition résultant de toutes les sources de bruit liées aux loisirs à moins de 70 dB selon l’indicateur LAeq,24h, considérant qu’un niveau sonore supérieur à cette valeur est associé à des effets néfastes sur la santé. Le principe d‘égale énergie peut être utilisé pour trouver les limites recommandées d‘exposition pour les autres moyennes temporelles.

Moyenne annuelle exprimée en LAeq,24h selon la combinaison du niveau d’exposition horaire et du nombre d’heures d’exposition par semaine (source : OMS 2018) – Note : vert = combinaison de niveau et de durée d’exposition permettant de respecter la valeur recommandée par l’OMS ; rose : combinaison de niveau et de durée d’exposition dépassant la valeur recommandée par l’OMS 

En ce qui concerne l’exposition au bruit dû à un événement unique et au bruit impulsif, l’OMS recommande de suivre les lignes directrices existantes et les valeurs fixées dans la réglementation pour limiter le risque de hausse des déficiences auditives dues aux loisirs, chez les enfants comme chez les adultes.

Les principaux seuils réglementaires sont :

Dans la vie de tous les jours, l’exposition à des sons intenses (musique amplifiée, explosions, tirs, sports motorisés…), même sur des courtes durées, peut provoquer des traumatismes sonores aigus (TSA) qui se manifestent par une perte auditive passagère ou définitive, généralement accompagnée d’acouphènes (bourdonnements ou sifflements ressentis dans l’oreille ou la tête sans aucun stimulus sonore extérieur), voire d’hyperacousie (seuil de tolérance au bruit anormalement bas, les sons étant ressentis à des niveaux bien supérieurs à ce qu’ils sont). Le port de protections auditives est vivement recommandé lors de telles expositions.

Interviennent également la vulnérabilité individuelle et la co-exposition à des substances chimiques. Ainsi l’âge (la détérioration de la fonction auditive due au vieillissement est nommée presbyacousie), les antécédents infectieux de la sphère ORL (otites), les antécédents de traumatisme crânien, la tension artérielle peuvent accroître les effets nocifs du bruit de même que l’alcool, l’exposition professionnelle (toluène, styrène, éthylbenzène) ou extra-professionnelle (certains antibiotiques, diurétiques, anti-tumoraux) à certaines substances toxiques appelées ototoxiques .

Fatigue auditive et surdité

Premier signal d’alarme lié à une exposition à un bruit intense de manière répétée, la fatigue auditive se caractérise par une perte temporaire de l’audition. Vos oreilles sifflent, vous êtes obligés de faire répéter certains mots… Ce n’est pas anodin.

A la sortie d’un concert ou d’une soirée en discothèque, la sensation d’oreille cotonneuse, l’impression d’entendre moins bien sont les premiers signes de la fatigue auditive.  Elle peut être temporaire, nous retrouvons une audition normale après un moment au calme, mais elle peut également se traduire par une perte auditive définitive et irréversible.

Le déficit auditif est caractérisé par une élévation du seuil de l’audition.

L’indicateur de fatigue auditive ou d’élévation temporaire du seuil de l’audition est le TTS (Temporary Threshold Shift). Sa gravité dépend du niveau sonore et de la fréquence du bruit entendu, ainsi que la durée d’exposition.

Pour l’évaluer, il faut faire un audiogramme sur la gamme des fréquences audibles, les pertes étant exprimées en dB HL (hearing level) par rapport à une population normale. Réalisé par un ORL, cet examen permet de mettre en lumière les effets de perte ou de fatigue auditive.

Audiogramme avec encoche à 4000 Hz (crédits : www.uvmt.org)

En cas d’exposition prolongée, répétée, à des niveaux intenses, un traumatisme sonore chronique peut affecter progressivement l’oreille interne, et cela sans que l’on s’en rende compte. Ces traumatismes chroniques consécutifs à une fatigue auditive répétée sont généralement repérés plusieurs années plus tard lorsqu’il devient difficile de suivre une conversation. En effet, la surdité ne signifie pas ne pas entendre mais ne pas comprendre ce que l’on entend, ce qui devient un handicap social grave.

Les effets du bruit sur l’audition peuvent également être immédiats : un traumatisme sonore aigu peut apparaître suite à une exposition à un bruit soudain, de courte durée et de très forte intensité (feux d’artifice, larsen…).

Nos oreilles n’ont pas de paupières, elles ne se reposent jamais, nous devons nous protéger du bruit !

Acouphènes

Selon la définition de l’association France Acouphènes, l’acouphène chronique est un bruit subjectif, entendu sans cesse, jour et nuit, dans l’oreille ou dans la tête, sans aucun stimulus sonore extérieur. Il survient fréquemment après un traumatisme sonore.

Traditionnellement un problème de personnes âgées, les acouphènes tendent à devenir un phénomène qui prend de l’importance dans nos sociétés modernes du fait d’un environnement toujours plus bruyant, toujours plus stressant et de certaines innovations dont les effets secondaires sont encore peu connus (téléphonie, musiques compressées…).

Parmi les populations souffrant d’acouphènes, France Acouphènes dénombre de plus en plus de personnes qui travaillent dans un environnement bruyant (cantinières, téléopérateurs, instituteurs, serveurs…) sans être concernés directement par la réglementation « bruit au travail » et des jeunes qui pratiquent des loisirs de plus en plus bruyants (concerts, baladeurs numériques…).

L’origine des acouphènes peut être purement mécanique : un bouchon de cerumen dans le conduit auditif externe ou le blocage d’un osselet de l’oreille moyenne vont gêner la transmission de l’onde sonore à l’oreille interne. Elle peut être également d’origine toxique dans le cas d’un traumatisme sonore aigu ou chronique suite à la libération excessive du glutamate, la substance permettant de générer l’influx nerveux, ou bien d’ordre général comme dans l’hypertension ou le diabète.

Les acouphènes peuvent être précédés et accompagnés d’hyperacousie, il s’agit d’une hypersensibilité auditive aux bruits de l’environnement ressentis comme gênants ou agressifs. Ils peuvent être entendus d’un seul côté ou des deux, par intermittence ou en continu.

Le retentissement de l’acouphène est très variable en fonction de la personne. Cela va de la simple gêne à une intrusion permanente handicapant la vie quotidienne et affectant la qualité de vie : difficultés d’endormissement, de concentration, anxiété pouvant mener à un état dépressif.

Hyperacousie

L’hyperacousie se caractérise par le fait de percevoir les sons à un niveau bien supérieur à la normale. Très prononcée, elle rend insupportable les bruits de la vie quotidienne. Elle peut être la conséquence d’un traumatisme sonore aigu.

L'hyperacousie peut apparaître après une exposition à un niveau sonore très élevé (concerts, discothèques, tir au fusil...). Elle se caractérise par un seuil de tolérance au bruit anormalement bas ; certains sons ou niveaux sonores, qui ne sont pas perçus par les autres comme forts ou désagréables, sont vécus comme pénibles, voire douloureux.

Cette pathologie socialement handicapante affecte de plus en plus de personnes dans nos sociétés de plus en plus bruyantes. La personne qui en souffre est contrainte de se protéger des environnements bruyants voire de les éviter. Il n'existe pour l'instant aucun traitement ni aucune thérapie véritablement pour cette maladie souvent mal comprise par l'entourage.

L'hyperacousie sévère est une des pathologies les plus handicapantes qu'il soit. Le malade ne peut plus sortir de chez lui, il est contraint de vivre dans un environnement sonore modéré et ne peut généralement plus avoir de vie sociale normale.

DOCUMENTS
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