Au niveau mondial, la biodiversité est gravement atteinte, ce qui fait peser de lourdes menaces sur l’humanité en raison des atteintes aux services écosystémiques : approvisionnement en nourriture et en matériaux, épuration de l’eau et de l’air, fourniture médicamenteuse, etc.
Pour le moment, les principales causes reconnues de ce phénomène massif – environ un million d’espèces sur huit millions en tout seraient menacées – sont la raréfaction et la fragmentation des habitats, ainsi que les pollutions chimiques (produits phytosanitaires, notamment), mais il se pourrait bien que le bruit soit aussi en cause.
En effet, la pollution sonore d’origine humaine a envahi l’ensemble de la planète depuis le XXe siècle, à tel point que même les parcs naturels sont concernés. Depuis des décennies, la bioacoustique et l’éco-acoustique documentent les relations des organismes au son, et notamment les perturbations causées par cette pollution, et les résultats scientifiques obtenus montrent qu’elles peuvent parfois être lourdes.
Sur terre, la relation des oiseaux au monde sonore est particulièrement bien étudiée : grands utilisateurs de signaux sonores, nombre d’oiseaux sont particulièrement gênés par le bruit ambiant et doivent parfois rechercher des lieux plus calmes. Le bruit dérange aussi les amphibiens et les mammifères terrestres, dont les messages sont brouillés et dont le niveau de vigilance et de stress est accru. Des études sur le rat et la souris montrent également que les perturbations physiologiques sont importantes.
En mer, le milieu est particulièrement sonore, l’eau étant un très bon milieu pour la propagation du son. Les mammifères marins et les poissons peuvent dans certains cas subir des dommages auditifs et ils fuient les sources bruyantes, qui sont nombreuses : navires, véhicules de loisir, exploration pétrolière, travaux, sonars… La pollution sonore maritime complique la recherche des partenaires sexuels et celle de la nourriture, et se traduit parfois par des pertes de localisation. Le secteur de la pêche est régulièrement concerné par les pertes induites de population de poissons et l’ensemble de la chaîne alimentaire est concernée, puisque le développement du zooplancton est affecté par le bruit.